La Vierge du chancelier Rolin

Jan Van Eyck (1380-1441)

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C'est mon tableau préféré !

Regarde la finesse du dessin des sculptures des colonnes, du velours de la robe, des vitraux.

Le tableau est plus petit que la Joconde, certains des personnages sur le pont font moins d'un millimètre ! Sa taille exacte est de 66 x 62 cm.

Il a été réalisé à la fin du gothique, sur un panneau de bois fait de trois planches de chêne aux veines verticales.

Le chancelier Rolin est un homme très puissant et très riche, c'était le Chancelier (c'est-à-dire le ministre des Finances). C'est de là que lui venait sa fortune immense. Grand mécène, il entretenait de nombreux artistes et a été le fondateur des hospices de Beaune.

La Vierge et l'enfant Jésus sont devant lui, devant sa pensée. Il priait, il a levé les yeux et a assisté au couronnement de la Vierge. L'enfant le bénit (en fait, initialement, la main de l'enfant était tombante et le peintre a repeint par dessus une main bénissant le Chancelier, à sa demande peut-être). La grande bourse, symbole de sa fonction de chancelier, a elle aussi été cachée ainsi que nous le montre une étude aux infra-rouges. Peut-être est-ce le Chancelier lui-même qui l'a demandé, ne voulant pas qu'apparaisse cette allusion trop claire à sa fortune.

Au fond, trois arcades (Sainte Trinité), un fleuve qui représente la vie sépare un paysage agreste (le paradis) d'une ville (Babylone, les plaisirs terrestres). Au milieu, un pont sur lequel se déplacent des personnages allant d'un côté ou de l'autre, selon leur choix de vie. Les deux guetteurs symbolisent le jugement dernier.

La vigne rappelle les paroles du Christ ("je suis la vraie vigne"), les étoiles du carrelage la Vierge (appelée étoile des mers, ou étoile du matin). Les chapiteaux sculptés représentent Adam et Eve chassés du paradis, le sacrifice d'Abel, son meurtre par Caïn et des scènes de la vie de Noë (l'arche et la scène de l'ivresse de Noë). Les vitrages blancs comportent des cercles, symboles d'éternité. La triple arche est la Sainte Trinité ; la pie correspond à la mise en croix du Christ ; une colonne écrase des lapins, animaux prolifiques, symboles de l'amour charnel. Les paons, réputés à l'époque pour avoir une chair incorruptible, symbolisent l'immortalité céleste. Le petit jardin est le jardin clos du Cantique des Cantiques, allusion à la virginité de Marie ; les paquerettes sont l'innocence de Jésus et de Marie, les pivoines des roses du paradis (sans épines, comme Marie appelée aussi la Rose sans épines), les iris montrent la future royauté du Christ, le lys la pureté de la Vierge et de l'enfant. La broderie du manteau reprend en lettres d'or des extraits de l'Ecclésiaste. L'ange a la robe bleue des chérubins, et des ailes à ocelles aux couleurs de l'arc-en-ciel, symbole de l'alliance entre Dieu et les hommes. La couronne, une auréole pour la Vierge sainte, est ornée de perle (associées à la Vierge).

L'enfant bénit Rolin et le monde qui l'entoure. Sa main est à la hauteur du pont, ce qui montre que sa bénédiction franchit tous les obstacles et est universelle.

Au centre, une ligne de carrelage vide sépare le monde en deux parties. Le côté de Marie est consacré aux églises, auxquelles la Vierge est souvent comparée. Le côté de Rolin regroupe des bâtiments civils. L'ensemble peut être la cité de Dieu imaginée par St Augustin, la Jérusalem céleste traversée par le fleuve de vie. L'île ronde au centre est un rappel du paradis, une évocation de la tour de David. La lune, les montagnes, les vols d'oiseaux sont autant d'évocations des textes sacrés. Le monde peint par Van Eyck est un monde de symboles.

Rolin porte une simarre de brocart brun bordée de vison. A sa taille, la ceinture noire avec boucle d'or offerte par Philippe le Bon. Au dessus de lui, la sculpture représente Noë, inventeur de la vigne. A hauteur de son visage, les vignes en terrasse du paysage. C'est un rappel de la fortune de Rolin, dondateur des hospices de Beaune, aux riches vignobles.